Livre des Invocations
Préface
Les deux autres volets de ce Livre des Invocations complètent l’éveil auquel l’auteur nous convie. Ambiguë, la Grâce, silencieuse présence dans ce monologue crie l’amour et questionne… Cette grâce à la rareté farouche, de mémoire racinienne ou janséniste, à moins qu’elle ne soit Druidique ou Tantrique prend figure de Divinité, tour à tour manifestation cosmique (… racine de lumière…) ou incarnation de Shiva (… l’exquise forme que prenait ton corps à chaque amour recommencé).
Le Livre des Invocations se termine par Les Chants de la Dvekut ou Chant Liturgique pour les Temps Modernes d’origine cabaliste. Dans ces vers au lyrisme suprême, toute référence à la mondanité disparaît, c’est une supplique extatique adressée à Dieu. Les images métaphysiques d’escaliers, par Gilles Dallière auquel nous devons toutes les photographies qui accompagnent…
solidement l’œuvre, au sens alchimique, de Philippe Siméon, suggèrent la tension ascensionnelle qui imprègne ce Chant.
Cette pentalogie n’est pas un essai de syncrétisme de doctrines, mais une union, par le langage poétique, de différents parcours spirituels… Jusqu’à la « coalescence paradoxale » qui « anime et propulse au cœur de chacun la singularité indécryptable de son propre destin ».
Joseph Kaufmann
Introduction
La plus ancienne des religions, commune à tous les peuples de la terre, est sûrement le chamanisme, cette tradition magique universelle que Mircea Eliade a été le premier à reconsacrer. C’est donc naturellement que ce recueil tout à la fois poétique et mystique de Philippe Siméon ouvre sur Les Suites Chamaniques. La communion avec la nature est un charme, entre les vagues folles des blés et la danse avec les feuilles d’automne, chanter avec les rossignols et sauter de branche en branche comme l’écureuil, nous rappellent les pouvoirs des chamans qui peuvent assumer formes végétales et animales. Mais, surtout, la descente au fond de l’âme humaine : renonciation et dépuration, puis renaissance… puis aussi, inattendu, en fin de poème l’affleurement de la main de Dieu, don de l’Éternel, en guise d’aboutissement et de couronnement de ce parcours panthéiste.
Tel est l’apprentissage et le vadémécum avant d’affronter les textes qui suivent. Chaste formulation, la Vierge Cosmique du poète, divine et sensuelle, est la promesse d’un éternel recommencement. Rencontre attendue, renouvelée, et toujours première avec le corps… Appropriation impossible et ardemment recherchée, ce Cantique de haute mémoire s’épanouit en une danse et se referme sur l’énigme des Vérités.
Cette ode se glisse ainsi comme un interlude entre Les Suites Chamaniques, apprentissage thérapeutique de l’âme dans sa conjonction avec la nature, et Le Cycle de Nathanaël, haute propédeutique de vie située entre la sagesse d’un Sénèque et l’intuition d’un Kipling. Pèlerin de tous les continents et de tous les savoirs dont on ne sait si l’on se doit de se délester ou adopter les conduites pour atteindre à l’enseignement suprême… Qui est donc ce Nathanaël ? Est-ce le Nathanaël de l’Évangile selon Saint-Jean appelé par Jésus pour devenir son disciple, ou sommes-nous là en présence d’un eudémoniste en écho à l’hédonisme gidien ? Nous sommes surtout face à un texte qui sait, comme seule la poésie peut le faire, exprimer en phrases essentielles la quête de la liberté de la moksha hindoue à la vertu agissante, jamais nommée, toujours présente. À tous les privilèges, les injustices, l’orgueil, les illusions et les leurres, les médisances et les déceptions, les détresses et désordres, Nathanaël apprendra à opposer une équanimité joyeuse pour déposer enfin son fardeau, fardeau dont tout humain est grevé.
Philippe Siméon
SOMMAIRE
SUITES CHAMANIQUES
ODE À MA VIERGE
LE CYCLE DE NATHANAËL
DIALOGUES AVEC LA GRÂCE
LES CHANTS DE LA DVEKUT
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